Archive des RP de la Communauté CSC
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le Deal du moment : -21%
LEGO® Icons 10329 Les Plantes Miniatures, ...
Voir le deal
39.59 €

Aller en bas
avatar
Admin
Admin
Messages : 219
Date d'inscription : 02/01/2018
https://csc-archive.forumactif.com

[RÈGLES] Une introduction historique. Empty [RÈGLES] Une introduction historique.

Ven 5 Jan - 0:42
Charlemagne, pardon ! Ces voûtes solitaires
Ne devraient répéter que paroles austères.
Tu t’indignes sans doute à ce bourdonnement
Que nos ambitions font sur ton monument.
— Ah ! C’est un beau spectacle à ravir la pensée,
Que l’Europe, ainsi faite, et comme il l’a laissée !
Un édifice, avec deux hommes au sommet.
Deux chefs élus auxquels tout roi né se soumet.
Presque tous les états, duchés, fiefs militaires,
Royaumes, marquisats, tous sont héréditaires ;
Mais le peuple a parfois son pape ou son César,
Tout marche, et le hasard corrige le hasard.
De là vient l’équilibre, et toujours l’ordre éclate.
Électeurs de drap d’or, cardinaux d’écarlate,
Double sénat sacré, dont la terre s’émeut,
Ne sont là qu’en parade, et Dieu veut ce qu’il veut.
— Le pape et l’empereur sont tout. Rien n’est sur terre
Que par eux et pour eux. Un suprême mystère
Vit en eux, et le ciel, dont ils ont tous les droits,
Leur fait un grand festin des peuples et des rois.
Le monde, au-dessous d’eux, s’échelonne et se groupe.
Ils font et défont. L’un délie et l’autre coupe.
L’un est la vérité, l’autre est la force. Ils ont
Leur raison en eux-même, et sont parce qu’ils sont.
Quand ils sortent, tous deux égaux, du sanctuaire,
L’un dans sa pourpre, et l’autre avec son blanc suaire,
L’univers ébloui contemple avec terreur
Ces deux moitiés de Dieu, le pape et l’empereur !
N’est-ce pas ? — ombre auguste ! Empereur d’Allemagne,
Oh ! Dis-moi ce qu’on peut faire après Charlemagne !

Monologue de Don Carlos devant le tonbeau de Charlemagne à Aix la Chapelle, dans la pièce Hernani de Victor Hugo.

Un Occident à la recherche de l'Imperium.

Émergeant d'une période sombre et tumultueuse, la dynastie franque des carolingiens avait réussi le pari de redonner au monde occidental une unité politique concrète, capable à nouveau d'un formidable élan créatif.
Les invasions du cinquième siècle avaient en effet jeté le Labarum dans la poussière, détruisant de fait la cohésion sociale de l'Empire. Mais cette situation précaire et incertaine ne devait pas durer. L'aigle ne s'était qu'envolé pour échapper à la poussée barbare, mais ne tarderait pas à refaire planer son ombre sur le continent. Fecondée par le christianisme, la culture gréco-latine refit surface au huitième siècle, grâce à la vigueur des peuples germaniques et sublimée par le nouvel empereur qui répondait au nom de Charlemagne. Loin de l'image d'une période obscurantiste, le règne de Charlemagne est à l'origine d'une transmission et d'un renouveau des arts et de la pensée. Dès 789, dans son Admonition générale, grand texte législatif, l'empereur ordonne "qu'il y ait, dans tous les évêchés et tous les monastères, des écoles pour bien former les garçons". Par ce désir, la langue latine restaurée dans sa pureté par les carolingiens sera celle de toutes les sciences en Europe jusqu'au XVIIIème siècle. La renaissance carolingienne est avant tout une renaissance du livre: nous connaissons aujourd'hui 1800 manuscrits pour les huits premiers siècles et 7000 pour la seule période 750-900 ! Ce sont des livres écrits avec application, en utilisant une graphie plus lisible appelée minuscule caroline. Plus solide, le parchemin, qui a remplacé le papyrus comme support, se prête particulièrement bien à la peinture. Le temps de Charlemagne et de ses successeurs est un grand moment de l'histoire artistique de l'Occident. Il est aussi celui des choix décisifs dans l'héritage antique: ceux que nous considèrons comme les classiques latins (Virgile, Cicéron, Salluste, Suétone...) ne nous sont en général connus que par des manuscrits carolingiens. Ce qui n'a pas été recopié est à jamais perdu. Mais le livre par excellence, pour un empereur dont le but est de conduire le peuple au salut, est évidemment la Bible: tous les enseignements, toutes les recherches, tous les savoirs sont orientés vers la connaissance suprême, qui est la connaissance de Dieu avec les Écritures. Or il existait au huitième siècle une grande variété de traductions latines des différents livres de la Bible. Charlemagne confie à ses conseillers, Alcuin (un anglo-saxon) et Théodulf (un wisigoth) une unification du texte biblique. Les deux savants restaurent pendant 5 ans le texte latin mis au point par Jérôme au quatrième siècle, qui devient le texte officiel. Il sera repris par l'université de Paris au XIIIème ; c'est le premier texte imprimé par Gutenberg en 1452 ; et c'est celui qu'on appelle aujourd'hui la Vulgate. Charlemagne en a fait le dénominateur commun de l'Occident chrétien.
Ce rôle de médiateur et de promoteur de la culture latine entre l'antiquité et le moyen-âge nous laisse penser que Charlemagne est celui qui a permi à l'Europe de relever la tête face à un monde oriental dynamique. En amenant le continent, des marches espagnoles jusqu'à la Pannonie, sous le joug impérial, les rois carolingiens sont à juste titre les fondateurs d'un ordre social nouveau, qui assure la transmission des valeurs et des informations et concoure à l'étonnante réactivité qui est la marque de ce temps d'essor.
De plus, le souverain de cette immense monarchie est à la fois l'obligé et le protecteur de l'Église. Sa foi est aussi solide que son zèle pour la religion est ardent. Peut-on s'étonner dans de semblables conditions que l'idée se soit présentée de profiter d'un moment si favorable pour reconstituer l'Empire romain, mais un Empire romain dont le chef, couronné par le pape au nom de Dieu, ne devra son pouvoir qu'à l'Église, et n'existera que pour l'aider dans sa mission, un Empire qui, n'ayant pas d'origine laïque, ne devant rien aux hommes, ne formera pas à proprement parler un État, mais se confondra avec la communauté des fidèles dont il sera l'organisation temporelle, dirigée et inspirée par l'autorité spirituelle du successeur de Saint Pierre. Ainsi, la société chrétienne recevrait sa forme définitive. L'autorité du pape et de l'empereur, tout en restant distinctes l'une de l'autre, seront pourtant aussi étroitement associées que, dans le corps de l'homme, l'âme l'est à la chair. Le vœu de Saint Augustin serait accompli. La cité terrestre ne serait que la préparation de l'acheminement à la cité céleste. Il s'agit d'une conception grandiose mais uniquement ecclésiastique, dont Charles n'a jamais saisi exactement, semble-t-il, toute la portée et toutes les conséquences.
L'empire carolingien, empêtré dans des affaires de succession, se divisera de lui-même et donnera naissance au royaume de France et à une autre entité, qui se veut l'héritière du legs romain: le Saint Empire Romain Germanique.
Couronné par le Pape en 962, Otton premier ramasse une nouvelle fois le Labarum et comme à chaque fois que l'Imperium refait surface, celui-ci s'accompagne d'un puissant mouvement de renaissance des arts et de l'intellect. Important conglomérat de duchés, de royaumes, de villes libres et de provinces ecclésiastiques, ce nouvel avatar s'autorégit grâce à un système électoral original, qui place à sa tête un empereur couronné par l'autorité divine et dont la légitimité est par conséquent incontestable. En 962, le Saint Empire est réellement le centre de gravité de la chrétienté, grâce notamment à ses alliances avec les républiques commerciales d'Italie. Il est aussi en relation -parfois conflictuelle- avec l'empire romain d'orient, qui survit et se permet même un regain de puissance grâce à l'avènement du conquérant Nicéphore. À l'époque encore unis dans la pentarchie, les deux empires coexistent et perpétuent la romanité et la chrétienté. Mais d'autres puissances montantes font leur apparition dans cette période active, épaulant ou combattant ces deux fils de Rome.

Un temps de conquêtes et de rivalités.

Grandis un temps à l'ombre des carolingiens, la lignée des robertiens ne cache plus ses ambitions sur le royaume de France. Un jeune duc, Hugues Capet, place judicieusement ses fidèles dans la cour du roi Lothaire, dans le but de remporter la compétition pour le pouvoir avec la dynastie carolingienne. Outre ce conflit interne, fait de tensions et d'opportunités, la situation de la France avec son bruyant voisin, l'Empire, est quelque peu problématique. Il faut dire que ce nouvel empereur, ce Otton, n'est autre qu'un saxon, issu de cette race de païen que l'on pourfendait un siècle au paravent !
Accaparé par des luttes intestines de palais, le monde franc a vu surgir au cour des dernières décennies de multiples autres entités autonomes contestant leur unique prétention régalienne. Mais la vision politique des rois de francie et de germanie a su faire émerger de ce chaos ambiant des modèles puissants mais différents: monarchie centralisée héréditaire pour l'une, empire électif pour l'autre. Le royaume de France apparait dans cette deuxième moitié de siècle comme un géant en devenir, sa population paysane augmente lentement mais régulièrement et son système féodal, bien que fragmenté, lui assure une supériorité militaire assez nette.
Il n'en reste pas moins que le 10ème siècle reste un temps marqué par la violence et l'incertitude.
Des menaces extérieures pénètrent au cœur du monde franc qui a thésaurisé dans les églises et les palais. Les Normands ou autres Vikings qui depuis plus d'un siècle à l'ouest terrorisent les côtes, s'enhardissent à remonter les rivières et à saccager les rives. Leurs armées prennent maintenant pied pour assiéger les villes ou imposer de lourds tributs. Encore plus incisifs et plus féroces, les hordes des Magyars déferlent sur l’est de l’Europe à partir de 900 et parfois installent une armée de pillage, bien que ceux-ci semblent avoir constitué un royaume dans l'Europe centrale. L'Est et le nord, très longtemps menacés par les bandes de slaves, a vu se développer des royaumes et des principautés avec lesquelles il est maintenant possible de commercer.
Les bulgares, quant à eux, ont mis sur pied un immense empire après avoir ravagé la péninsule balkanique et chassé les romains.
Encore plus loin vers le levant, au delà de la Vistule, un autre colosse a fait son apparition. Produit des échanges commerciaux des Varegues entre la baltique et la méditerranée, la Rus' de Kiev s'est constituée en fédérant des populations slaves et en instaurant une organisation propice à la conquête. Directement voisin avec cette puissance émergeante, l'empire Khazar peine à se maintenir, assaillis comme il l'est par la multitude des peuplades nomades ou barbares qui s'amassent à ses portes.
Au Sud le monde islamique connaît un fort dynamisme sur le plan scientifique grâce à sa position stratégique entre l'Asie et l'Europe. Toutefois ce vaste ensemble reste fragile face aux divisions religieuses, sans évoquer les querelles dynastiques qui font rage. Une menace grandissante apparaît de surcroît en Asie centrale sous la forme des peuples turciques, dont l'appétit conquérant se dévoile peu à peu.
Dans la péninsule ibérique le califat de Cordoue, héritier des conquêtes arabes du huitième siècle, connaît son apogée malgré la combativité des seigneurs chrétiens des Asturies et de Léon.
Ce tour d'horizon ne serait pas complet sans évoquer la situation des îles britanniques. Ces dernières connaissent en ce temps un enchevêtrement complexe de peuplades ou de seigneureries anglo-saxonnes, notamment le royaume d'Angleterre, mais aussi les tribus galoises, irlandaises ou le royaume d'ecosse.
Revenir en haut
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum